Richard Jean

Tirailleur au 1er R.T.M. ( CB2 )

Section anti-char

CITATION

 

Un petit carnet très précieux

Plus de soixante années après la fin de la deuxième guerre mondiale, on découvre encore des documents inédits, oubliés dans la poussière des greniers, tel ce petit carnet du combattant ayant appartenu au tirailleur Jean Richard (1e R.T.M. CB2, Compagnie d’accompagnement du 2ème Bataillon). On peut y lire bon nombre d’annotations écrites au crayon à papier, mentionnées au jour le jour et concernant la campagne d’Italie.

Le récit et les mots utilisés sont à replacer dans le contexte de l’époque, celui d’une guerre mondiale impitoyable.
Ci dessous, le carnet décrypté pour que demeure la mémoire de ces combattants.
NB : La mention xxxx signifie mot illisible.


Pour me remémorer plus tard, le souvenir de ma jeunesse perdue à la guerre.
Jean Richard.

A remettre à mon père, en cas d’ « accident ».
Adresse :
Monsieur Richard
Bir-yedid-Chavent
Maroc

xxxx : mot illisible.

Campagne d’Italie.

27-03-1944
Ajaccio, embarquons sur L.S.T. à 7 heures.
Départ 8h, mer calme, adieu Corse.
16 heures, passage du détroit de Bonifacio.

28-03-1944
A 18 heures, les îles, le Vésuve et son panache, Baie de Naples.
Arrivée au port de Pozzuoli à 19h 30, débarquement des véhicules.

29-03-1944
Départ 2h 30. Je suis la colonne (Bataillon).
Arrive à Albanova à 9 h.

29-03-1944 au 8-04-1944
Je visite Naples, Salernes, Sorrente. Je ne peux voir Pompeï.
Je pousse une reconnaissance jusqu’au front.

9-04-1944
Naples, de 6h 30 à 11h 30.
Courrier.
12 h, départ pour Cese, (Roccamonfina)
Arrivée 15 h.

9-04 Pâques !
Je monte en ligne.
A 7h 30, dépose le Cdt Valle de Suso et reviens à Skipton.
Il pleut.
Installons avec Jounsé une drôle de tente.

10-04-1944
Assurons le ravitaillement du Bataillon pour la journée avec nos deux jeeps.
Route faite par Génie, étroite et à pic.
A 13h, le Bataillon monte en ligne et relève le 2ème R.T.M.
Je pousse jusqu’au poste avancé.
Ne peut rejoindre le PC Bataillon, route non terminée.
Passe la nuit au 2ème R.T.M.

11-04-1944
Attente jusqu’à 16 h; route non finie.
A 16 h, la route est libre, le dernier rocher a sauté (travail magnifique de notre Génie, ces routes !).
J’évacue en Jeep nos premiers blessés dont St Durand, un bon camarade et j’inaugure la piste.

NDLR : « St » signifie Sergent ?

12-04-1944
Les obus ont sifflé toute la nuit.
Reçois colis 20 et 21 ainsi que les lunettes, lettre d’Yvette, je réponds.
Dans l’aprés midi, un beau duel d’artillerie et mortiers.
A 21 h, on m’annonce qu’il faut évacuer un blessé. La nuit est noire, la piste dangereuse. Il faut rouler phares éteints. Je me demande comment je vais faire pour mener à bien ma mission lorsqu’on m’annonce que le blessé est mort. J’aurais préféré y aller et qu’il soit vivant…

13-04-1944
L’artillerie a craché toute la nuit, le ciel était tout illuminé. Les boches se servent beaucoup de fusées éclairantes.
Visite de Chaudy.
Lettre d’Yvette du 7.
La matinée est calme.
Après midi, j’écris, 3 obus tombent à proximité. Serions nous repérés ?
La nuit, il pleut de l’eau et du fer sur les boches, quel tintamarre !

14-04-1944
Matinée calme de notre coté, mais les gars du 6ème reçoivent une de ces décoctions d’obus de mortiers. Leur secteur est couvert de fumée noire.
Visite de Sueur qui apporte le courrier : rien pour moi
17h 30, je vais écrire ma lettre journalière.
Vers 20h, un tir formidable de nos mortiers et de l’artillerie. Le ciel est tout rouge chez les boches.

15-04-1944
Journée calme.
Reçois colis 24, 25.

16-04-1944
Dans l’après midi, je descends à la base avancée à 5 km du front. A coté, une magnifique orangeraie avec des fruits non moins magnifiques. C’est tout miné…!

17-04-1944
Toujours à la base avancée.
L’artillerie tonne continuellement autour de nous.

18-04-1944
Je fabrique des xxxx et reçois des colis et lettres.
Les boches essaient d’atteindre le pont sans y parvenir.

19-04-1944
Aucun changement dans la situation.
Un prisonnier boche passe dans une Jeep, il a l’air heureux d’en avoir fini.
Le soir, à minuit, alerte, on craint une attaque.
Fin d’alerte.

20-04-1944
Décidément, la base avancée (à 3 km des lignes) est plus dangereuse que le front. La proximité du pont crée cet état de chose. Tous les jours vers 16 heures nous n’y coupons pas de notre petite contribution.

21-04-1944
Je me lève à 9h 30. Je crois que cela ne m’est jamais arrivé. Il est vrai que je me suis couché à 2h xxxx par une partie de cartes que jouaient les camarades.

22-04-1944
Rien à signaler

23-04-1944
Bain à la piscine, eau sulfureuse.

24-04-1944
Bombardement de Naples.
Alerte.

25-04-1944
Bain.
Rejoins la base arrière.
Retrouve les camarades.
Il pleut.

26-04-1944
Il pleut, rien à signaler.
Reçois colis 28, lettres.

27-04-1944
Il fait un vent terrible. Je dors toute la journée.
Le soir, je m’installe, j’allume l’électricité dans la guitoune et j’écris.
Les lettres ne sont plus censurées au départ d’ici. Je vais pouvoir vous raconter pas mal de choses grâce à ce petit carnet.

28-04-1944
Je prends la permanence.
Alerte anti-aérienne.
Le Bataillon demeure au repos.

29-04-1944
De garde 24 heures, comme à toute garde, je rouspète…

30-04-1944
Départ pour Naples à 6h 30.
Arrivée 9h.
9h à 11h je promène Lt et lui fait visiter les plus beaux coins de la ville que je connais, en particulier la corniche.
Je déjeune chez un particulier.

NDLR : Lt signifie Lieutenant ?

01-05-1944
La fête du travail.
Je creuse mon trou pour enterrer ma Jeep (camouflage), comme fête du travail, c’est réussi. Décidément, les fêtes, cette année, ne me sont pas favorables.

02-05-1944
A la recherche d’un terrain de tir.
Rencontre d’un couvent, je le visite. Les peintures vieilles de plusieurs siècles sont encore belles.

03-05-1944
Je finis mon trou de Jeep.
Je fais une petite sortie, visite d’un ossuaire.
19h, j’écris.

04-05-1944
3h, Départ vers le front pour exercice de passage d’un fleuve pour une colonne de mulets.
Rencontre inattendue avec Jules Pierroud, accueil glacial de sa part, il se dégèle au cours de la conversation.
Chute d’un brel dans le fleuve, pêche au brel…
Assiste au tir des 105.
Exercice à 22h.
Départ pour le bivouac, arrivée 23h 30.
Comant m’attendait avec De Veronne et son frère, grande joie et discussion jusqu’à 1h 30.

05-05-1944
Revue de voitures, repos pour moi.
Reçois colis 28, lettre d’Yvette.
Rien à signaler.

06-05-1944
Nettoyage complet de la Jeep.

07-05-1944
Dimanche, grasse matinée.
Je rends visite à De Veronne. On boit un coup à notre rencontre et on discute jusqu’à 22h 30.

08-05-1944
Départ pour Naples avec le Cdt.
De 11h à 17h, je visite la ville.
Rentre à 7h 30, arrêt à Sissa

09-05-1944
Nettoie voiture.
J’accomplis quelques courtes missions, R.A.S.

10-05-1944
Quatre ans depuis l’invasion de la France, nous croyons tous que la revanche va se faire aujourd’hui dans la nuit.
A 7h 30, je pars en reconnaissance pour le déploiement de nuit des nôtres.
J’ai de plus en plus l’impression que c’est pour cette nuit ???
Le Régiment monte en ligne à 16 h.
Toutes les autos restent à la base arrière. Je râle ainsi que tous les autres camarades.

11-05-1944
La matinée a été calme. Le soir à 16 on réunit les chauffeurs de Jeep. Nous sommes susceptibles de partir d’un moment à l’autre.
L’attaque commence à 23h 30. L’artillerie tonne.

12-05-1944
Les nôtres sont partis à l’assaut.
On nous apprend que Castel Forte est tombé.
Le régiment n’est toujours pas engagé.
Cassino, paraît-il, est pris par les Polonais. Est-ce vrai ?
Des centaines d’avions nous survolent.
Il paraît que les Américains se sont faits repousser. Si c’est vrai, c’est une bande de cloches…!
L’artillerie a donné toute la journée.
On est toujours en état d’alerte.
Cette nuit peut-être ?

13-05-1944
Toujours à la base arrière, le Bataillon n’est toujours pas engagé.
Des liberators nous survolent emportant le « casse-croute » chez les boches.

14-05-1944
L’artillerie a cessé de tirer. On ne sait pas ce qui se passe. Où en est l’attaque ? A-t-elle échoué ?
A 9h, nous gravissons, Yvon, Kiki et moi, un piton pour voir le front qui est à huit Km.
Trop de brouillard !
Le soir, nous allons faire du tir pour passer le temps.
Le Régiment est engagé ou ne va pas tarder à partir.

15-05-1944
Départ à 4h 30.
Arrivée en base avancée à 7h.
On charge les Jeeps et remorques destinées au ravitaillement de la Division.
Attente jusqu’à 12 h.
Départ vers le front, avance pénible sur route défoncée, croisons des chars qui viennent de terminer une attaque.
Premiers cadavres Fritz.
Arrivons et déchargeons à proximité des lignes.
De 19h 30 à 22h, déchargement des Dodges.
Alerte aérienne, feu d’artifice magnifique…

16-05-1944
Toujours à xxxx. L’infanterie a encore avancé dans la nuit. Les destroyers tirent toujours.
Attente.
A 13h, passage de 200 prisonniers. On discute avec eux. Ils ont perdu toute leur morgue. Les tirailleurs les font avancer à coups de bâtons, chacun son tour !
De nuit, à 22 h, déplacement pour ravitaillement.

17-05-1944
Nous sommes entourés d’artillerie. Elle commence à cracher à 4h 20. Il ne faut plus penser dormir.
Départ à 13 h pour Spinia, village entièrement détruit et pillé par les goums.
Troupeaux lamentables de réfugiés. Cette fois, ceux là auront compris !

18-05-1944
Départ pour Roccamonfina.
8h, je revois tous les camarades.
Retour à xxxx à 14h, arrivée à 17 h.
Visite des Maires du village. Conversation avec les chaufferettes, très gentilles.
Départ à 22h pour Esperia.

19-05-1944
Arrivé à Espéria à 1h, suis très énervé et un peu fatigué.
La poussière ajoute à l’énervement de rouler tous feux éteints.
Couche dans remorque.
Levé à 3h 30.
7h pars en reconnaissance à 8 Km vers les lignes.
Les cadavres de boches et de matériel jonchent les bas cotés de la route.
Mon odorat est très éprouvé par l’odeur qui se dégage. Le cadavre d’un ennemi mort (à mon avis) ne sent pas toujours bon.
Rentre à Espéria à 9h.
Départ à 9h 30.
Reconnaissance village dans la montagne, nombreux prisonniers.
Rentre à Espéria.
1 batterie de 155 nous assourdit.

20-05-1944
L’artillerie a craché toute la nuit.
Levé à 5h.
Part en reconnaissance, il pleut.
Je commence à me sentir fatigué mais le moral reste excellent.
Nombreuses sorties en Jeep dans la journée.
Rencontre des camarades : Rosso, Barroux, Lesimple.
En attente de départ pour la nuit.

21-05-1944
2h lever.
Départ à 2h 30.
La nuit est assez claire. Passe à Ausonia. J’atteins Formia à la pointe du jour, ce n’est que ruines.
Remonte jusqu’à Istri, m’arrête à 1 km des boches sur un col. On domine une vallée dont chaque versant est tenu par les adversaires. Beau duel d’armes automatiques et de chars. Le duel continue toute la soirée. Ils ont l’air coriaces.

22-05-1944
Le front s’est nettement éloigné. Le soir, on reçoit huit obus.
Il fait un froid extraordinaire.

23-05-1944
Départ à 5h 30 pour La Taverna, à l’endroit même où ils étaient le 21 quand j’assistais au combat.
Les nouvelles ne sont pas très bonnes ce matin. Lenola a été reprise.
Les boches ont reçu vraisemblablement du renfort.
Le soir, discussion avec un alsacien fait prisonnier et qui a fait la guerre 39 40.

24-05-1944
Reçois l’ordre de rejoindre immédiatement mon corps.
Retourne à Ausonia, arrivée 10 h.
Prends douche, reçois 10 lettres.
16h 30, Retour pour base arrière Roccamonfina.
Ramène Belkert et son dodge.
Rentrons à toute allure à La Taverna, fatigué…

25-05-1944
Attente xxxx auto, Jeep en panne, carter crevé sur rocher.
Les camarades nous rejoignent.
Patrouilles dans les maisons en vue récupération.
Chasse aux bestiaux « sauvages ».

26-05-1944
Entretien Jeep, réparation carter, graissage, nettoyage.
Chasse aux chevreaux.
Départ 16h, reconnaissance chef Mallet.
Tombe d’un de nos tirailleurs.
Rencontre de cadavres allemands en décomposition dans la montagne.
Retour à la nuit.

27-05-1944
5h lever
6h départ Roccamonfina
Retour à 12h, 160 Km
Départ 16h pour base ravitaillement Villacorsa.

28-05-1944
Départ 7h au front.
Rejoint Bataillon à St Stephano (j’écris, en ce moment les obus tombent à 40 mètres).
Je monte en ligne. Je fais quatre prisonniers. Quelle ironie, un chauffeur faisant des prisonniers, et pourtant c’est vrai ! Quatre boches qui se baladaient dans la nature se rendent à moi.
12h, reçois de 20 à 40 mètres, 30 obus, une veine inouïe, je m’en sors.
Je fais la liaison, col de Palomba.

29-05-1944
Départ 5h.
8h, une première bataille s’engage pour la prise d’un col sur la route de Carpineto, à 10 Km de ce village. Les ponts sont coupés. Je réussis à passer le premier avec ma Jeep et j’aide au transport des blessés. Les boches sont là. Je reçois des rafales de mitrailleuse. Je fiche le camp, camoufle ma Jeep et je reviens à pied. La bataille continue furieuse. Je suis très fatigué. Je porte des blessés dans les bras. Il fait une chaleur quasi marocaine.
La nuit tombe.
Je me couche à 23h.

30-05-1944
La bataille à continué toute la nuit. Les chars américains appuient notre action. A 11h, les boches décrochent. Quelques éléments tiennent encore le col et retarde notre avance. A 15h, le col est pris. Nous fonçons avec les Jeep devant l’infanterie, plus rien jusqu’à Carpineto.
Nos pertes (surtout blessés) ont été sévères.
Une vingtaine de prisonniers.

31-05-1944
Carpineto.
Relève par le 2ème R.T.M.
Nombreuses arrivées.
Terrible nuit de bombardement.

01-06-1944
Nous sommes de réserve repas. On se lave, rase, ect…
Les boches ont décroché.
Prisonniers.
Journée calme.
On se sent épié par la population restée au village.

02-06-1944
Départ pour Sezze, retour à 13h.
Départ de Carpineto à Sezze à 15h 30.
Je suis le convoi de mulets.
Arrêts sur la route pour manger des cerises.
Porte fleurs sur les tombes de nos morts.
Arrivée au bivouac de repos à 22h.
Je me couche à 23h.
Quelle nuit calme !

03-06-1944
Je me réveille au milieu d’un vaste verger. C’est beau l’Italie quand même ! Et combien, il est reposant de voir la plaine.
Je nettoie ma voiture de bon cœur. Elle en avait besoin la pauvre (1500 Km depuis le 14 mai). Je n’ai eu que deux pneus crevés par éclats pendant les opérations.

04-06-1944
Je fais quelques courses par ci par là. Je me bourre de cerises. Rome est tombé.

05-06-1944
Départ pour Bagnoli, je passe à Naples. Il n’y a pas un soldat français. 400 Km au volant, j’arrive fourbu.

06-06-1944
Mange au 1er Bataillon.
Visite Sambadia, la plage.
250 Km dans la journée.
En revenant, fais le graissage.

07-06-1944
Entretien de ma voiture, je lave mon linge, répare un pneu, et j’écris.

08-06-1944
Journée calme, quelques petites sorties, j’écris.

09-06-1944
Départ 6h pour Rome, je suis impatient de connaître la ville éternelle. Visite le Colisée, le théâtre de Metellus, Le Capitole, la roche tarpéienne, le Forum. Enfin, tout le mont Palatin. Je visite la Basilique St Pierre, une merveille gigantesque. Nous sommes reçus par le Pape qui nous fait un court laïus et nous donne sa bénédiction.
Je suis invité dans un splendide appartement moderne d’un docteur.
Dans les rues, une population assez dense. Des femmes de toute beauté, habillées avec un goût qui sent la capitale.
Content de ma journée, je rentre à Sezze à .

10-06-1944
1h du matin, arrivée de Rome.
Je me couche.
Lever 6h. Je lis les nouvelles qui sont bonnes. J’écris.

11-06-1944
Instance de départ.
Nombreuses missions.
Départ pour Ninfa, minuit.

12-06-1944
Arrivée à 2h.
Attente du Bataillon jusqu’à 5h.
Arrivée du Bataillon.
Installation.
Reconnaissance points d’eau.
Mission PC Colonel.
Bain dans carrière de marbre.
Bonnes nouvelles : les Russes ont lancé une grande offensive. On se bat pour Cherbourg. Italie : nos troupes ont avancé de 24 Km.
16h, mission PC RT.
11h, je me couche.

13-06-1944
Le Bataillon est parti dans la nuit.
Reste avec le Cdt qui doit assister comme juge au tribunal militaire de Cezze.
Lever 3h 30.
Poiraute toute la journée.
Rentrons à 7h, arrivons à 11h 30.
Je dîne en tête à tête avec le Cdt.
Je me couche à 1h.

14-06-1944
Quelques missions.
Départ prévu pour la nuit, préparatifs.

15-06-1944
Départ 5h 30 pour les environs de Rome.
Arrivé à 7h, lavage, nettoyage voiture, toilette, quelques missions.
Il se passe quelque chose, des bruits courts que l’on doit partir d’urgence vers une destination inconnue.

16-06-1944
Les bruits ont disparu.
Je me prépare pour aller à Rome à 8h 30. Contre ordre, je ne pars qu’à 13h 30. Encore contre ordre, je ne pars plus du tout…
Je nettoie ma voiture et j’écris.

17-06-1944
Départ 2 h, traverse Rome à 6 h, arrive bivouac 8 h.
Reconnaissance point d’eau, guide Bataillon.
12 h je mange (cassoulet).
Je dors.
Annonce du débarquement Ile d’Elbe.
21h il pleut.
Je dors dans la Jeep.

18-06-1944
Lever 4h 30, départ pour une nouvelle étape à Monterosi.
Bivouac près du lac de même nom, pêche à la grenade !
Devons partir à xxxx, contre ordre.
7 h, départ pour Rome, passe à Rome une journée assez agréable, visite des principales églises.

20-06-1944
Reconnaissance pour trouver piste passage camions en vue embarquement.
Départ 10 h, queue de convoi.
Arrivé à 7h à proximité du front.
Liaison Colonel.
Couche à PC RT.

21-06-1944
Départ PC RT, 6h, Cdt déjà parti, rejoins le Cdt à Montrallo.
Reconnaissance route Montenero. L’ennemi occupe ce village.
Deux chars montent, je suis derrière.
Les boches évacuent le village.
Nombreuses mines.
Nombreuses arrivée d’obus.
Quelques prisonniers.
Nombreuses sorties.

22h 30, départ Metuello.
Tombe dans un caniveau coupé, dois assurer mission importante, très ennuyé… Un Dodge me sort avec son treuil (perdu 1/2 heure).
Arrive Montrecello, PC Colonel introuvable. Colonel de Goums m’indique le chemin.

21-06-1944
Arrivée PC RT 0h 45, remise documents, attente pour la décision.
Départ 2h 10 avec plan d’attaque pour la journée.
Arrivée sans anicroches à 3H 30.
Je me couche.
Lever 4h 30, départ Moticello, je me gèle.
Retour Montenero.
Notre artillerie crache, les boches répondent faiblement.
Attente.
Forte résistance devant le fleuve Orcia.
Les obus pleuvent sur le village.
Nombreux blessés ( Riera Robert) .
Je dors comme une souche.

23-06-1944
Nombreuses missions.
Tirs formidables de l’artillerie Boche. Je suis en plein sous le déluge de fer. Le garage de ma Jeep s’écroule, Jeep intacte.
Nuit calme.

24-06-1944
Journée calme.
L’artillerie boche a décroché.
Évacuation des civils.
Mission a Castel Del Piano, retour à la nuit.
Les camarades me souhaitent ma fête : un bouquet d’œillets, un pigeon aux choux.

25-06-1944
Retourne à Castel Del Piano.
L e Bataillon attaque et ne trouve personne devant lui.
Le soir, San Angelo est occupé par la 7ème Compagnie.
A 8h, mission : ramener les compagnes à Montenero, attends dans une ferme que les estafettes reviennent.
Rentré à Montenero à :

26-06-1944
0h 30, rends compte au Cdt.
Couché à 1h, lever 5h, je me prépare à partir, départ 8h.
Passe à Castel Del Piano, revient vers l’ouest (Montenero) puis vers le nord : Casale et Pari.
Course avec une chaufferette, je la bats !
Retour à Montenero le soir avec Adjudant Chef Secoja.
Je reviens sur Pari, j’ai un accident, je m’en sors avec le parallélisme faussé.
Je rentre de nuit à 15 Km heure et mes roues en éventails !

27-06-1944
Départ 5h à 15 Km à l’heure, Monticello, réparation, vidange.
Déjeune avec les camarades et repars.
Toute une histoire pour retrouver le Bataillon qui vient d’être engagé. Je passe à Pari, Santo, retrouve Bataillon en pleine avancée et les missions commencent à me pleuvoir sur la tête.
Je m’engage le premier dans un chemin très difficile.
Arrive dans une ferme, passons la nuit là.

28-06-1944
On xxxx toujours à travers la montagne et on débouche sur une route à 500 m des boches en pleines premières lignes.
Installation du PC missions sous feu d’artillerie en vue de l’ennemi. Je presse bien fort sur l’accélérateur !!
Terrible bombardement d’artillerie. Aspirant Bagarre tué à 10m, couché dans une maison qui reçoit deux obus dans la nuit xxxx.

29-06-1944
Missions en liaisons avec Tunisiens.
Les boches tiennent fort les dernières crêtes avant la plaine de Sienne.
Rencontre Jules Pressaint.
Rentre au PC de nuit.

30-06-1944
Attente toujours même endroit.
L’artillerie ennemie s’est tue.
Reconnaissance au devant des lignes et des chars. Les boches ont bien décroché. Arrêt devant un barrage de mines.
Retour 13h pour un autre point du front.
Lente avancée au milieu des convois, de la chaleur et de la poussière.
Arrivée à Montenero.
Mission (La Pineta).
Retour.

01-07-1944
Levé tard, mission La Pineta (base arrière)
Retour couvert de poussière, bonnes nouvelles de Polanz.
Reconnaissance château à 8 Km de là. 16h départ, arrivé au dit château.
Mission de nuit.
Rentré à minuit.

02-07-1944
Levé tard.
Instance de monter en lignes éloignées de 10 Km environ. On monte, faisons pas 8 Km, chemins mauvais. Il y a contre ordre, on revient sur nos pas vers 15h et on se dirige Nord Ouest (village xxxx), on mange beaucoup de poussière, nombreuses coupures.

03-07-1944
Départ 8h 30 ouest de Sienne, tous les ponts ont sauté, les routes sont minées, emprunte des petits chemins, arrêt dans une ferme.
Attente du Bataillon.
Arrivée du Bataillon.
Départ Jeep, mission : récupérer les guides laissés au carrefour.
Retour.
Départ trois heures à la poursuite des boches.
Réparons deux grosses coupures, les Jeep passent, méfiance, des routes minées. Ma Jeep est la première qui passe là.
Arrivé dans une ferme 3 heures après départ des boches.
21h, mission colon et reste à xxxx.
Retour.

04-07-1944
2h 30, mange et couche.
Levé 5h, départ pour Sienne en vue défilé.
Assiste au défilé de nos troupes très acclamées.
Reviens au PC mort de fatigue.
Le Commandant m’accorde 48h de repos complet, je dors.

05-07-1944
Continue à me reposer.
Rencontre Pierrot, je chemine avec lui, car il remonte en lignes pour nous relever.

06-07-1944
Repos continue.
Départ PC Colonel, passe par des chemins affreux.
Rentre à la nuit.
Je suis cité « Croix de guerre », reçois félicitations Commandant.

07-07-1944
Je me sauve camoufler ma Jeep pour échapper à une revue.
Je termine une lettre.
Graissage et entretien de la voiture.
Rien à signaler.

08-07-1944
9h, départ PC Colonel xxxx, bruits courts que nous partirions d’Italie, In Challah !
Retour.
Départ 18h 30 PC Division.
Retour.
Départ 20h 30.
Arrivée I.D. 24h.

09-07-1944
Départ pour front PC. Goum.
Monte en reconnaissance, 2h, chemins très mauvais, 3h, je guide le Bataillon et les véhicules dans la nuit. Les obus éclatent un peu partout.
Installation jusqu’à 6h.
J’ai sommeil, je me couche.
12h, je suis réveillé en sursaut par un obus qui tombe à 10 m.
Missions. Rencontre avec Evexxx que je dépanne, nous causons un bon moment.
Missions.
21h, je me couche.

10-07-1944
Lever 5h 30, vais chercher le Commandant parti en reconnaissance.
Nombreux blessés par mine.
Assiste à un beau bombardement par artillerie.
Il pleut.

11-07-1944
Les obus tombent mais pas chez nous.
Chasse aux oies et aux cochons.
J’écris.
Missions PC Colonel. Reconnaissance prochain PC, le secteur est dangereux.

12-07-1944
Départ en avant cote 380, les obus pleuvent.
Visite Général Seveze.
Dépouille et mange cochon.
PC Colonel.
Mission.

13-07-1944
Départ 3h PC Colonel.
Retour 5 h.
Départ pour San Donato.
Reconnaissance pour atteindre San Giminiano, ponts coupés passe par chemins détournés derrière génie qui démine. Arrivé à ce village qui subit un violent bombardement de 170 mn.
Retourne à San Donato.
Nombreuses reconnaissances.
Établissement TC2.
Retour à Sans Giminiano sous pluie d’obus.
Retourne à San Donato chercher Jeep radio.
Retour à San Geminiano, PC établi là. Les 170mm boches crachent toujours, c’est très impressionnant. 4 obus tombent dans l’école où nous sommes, miracle, personne touché.
22h départ PC Colonel.
Rentre à 1h.

14-07-1944
1h 30, retour San Giminiano.
6h, je me lave.
Réparation roues Jeep.
Les civils commencent à sortir de leur cave.
La Strada : départ 13h, chemin non terminé, passe quand même. La chaleur est « marocaine ».
17h, départ pour Cecini.
Retourne chez cher Américain, livraison char à La Strada.
Recevons obus à proximité.
Couché 22h.

15-07-1944
Réveil 3h, je dois partir, contre ordre, je ne pars pas, je me recouche à 4h.
Lever 5h, reconduit officier américain à Casale (secteur 6ème R.T.M.).
Retour PC.
On reçoit quelques obus.

16-07-1944
Journée calme, j’ai failli sauter sur des mines.
Missions PC Colonel.

17-07-1944
Journée calme, je me repose.
Dîne C.M.R.
Rentre à 24h.

18-07-1944
Départ 3h, ferme prés San Giminiano.
Instance départ pour le sud.
Rentre à 23h.

19-07-1944
Très nombreuses missions : colonel et San Giminiano.
Départ pour le sud (30 Km) à 21h.
Reconnaissance jusqu’à 24h.
Pont coupé par inondation, chemins mauvais, retourne en arrière guider Bataillon.

20-07-1944
Guide Bataillon sur chemin reconnu, je me trompe, reviens bon chemin, arrive pont coupé, passe gué, arrive nouveau bivouac 9h.
je dors jusqu’à 9h.
Je lave mon linge.
Mission 1er Bataillon.
Rentre bivouac 23h.

21-07-1944
Départ itinéraire convenu en vue embarquement Bataillon.
Départ pour Piombino, maximum de poussière.
Reconnaissance bivouac
Arrivée Bataillon, corvées d’eau, reconnaissance port d’embarquement Piombino.
Couche tôt.

22-07-1944
Départ pour Rome, 300 Km, pars à 6h, arrivée midi.
Nombreuses courses en Jeep.
Dîne mess des officiers.
Passe soirée chez civils avec Lieutenant Dodo.

23-07-1944
Couché 4h.
Levé 6h.
Départ pour Naples, 225 Km.
Arrive midi, courses, reconnaissance en vue débarquement Bataillon.

24-07-1944
Nombreuses courses en ville.
On attend le Bataillon.
Je commence à connaître Naples.

25-07-1944
Je visite la ville, déjeune au restaurant.
le Bataillon arrive à 12h.
Reconnaissance itinéraire.
Couche à Carditello.

26-07-1944
Arrive Roccamonfina, mission Colonel, voit De Varenne Nicolas, apprend qu’Alexandre Mollande a été évacué.

27-07-1944
Nettoyage de la voiture, je suis très fatigué.

28-07-1944
Continue nettoyage Jeep.

29-07-1944
Reconnaissance plage.

30-07-1944
Nettoyage et entretien du bivouac en vue visite Général De Lattre.

31-07-1944
RAS

01-08-1944
RAS

02-07-1944
RAS

03-08-1944

Départ pour Rome, visite de la ville.

04-08-1944
Continue visite

05-08-1944
Je pense à m’amuser.

06-08-1944
Je rentre à Cese.

07-08-1944
Révision voiture

08-08-1944
J’attrape 4 jours de prison, refus d’exécuter une corvée qui ne me plaisait pas.

09-08-1944
RAS

10-08-1944
RAS

11-08-1944
Départ pour Rome

12-08-1944
Rome, prise d’armes

13-08-1944
Rentre à 12h à Cese, 15h plage, rentre à 20h.

14-08-1944
Départ Naples, arrivée 11h, Départ Sorrente, retour à Cese, 21h 30.

15-08-1944
Départ PC, division suivra, débarquement midi.

Du 15-08-1944 au 27-08-1944
Quelques petits voyages : Sorrente, Gaete, Plage Mondragon.
J’en ai marre !
C’est une offense que l’on nous fait de nous laisser ici.

27-08-1944 au 04-09-1944
RAS

04-09-1944
Départ de Roccamonfina.

05-09-1944
San Andrea

06-09-1944
Trentola

08-09-1944
Jowa

09-09-1944
Préparatif départ

11-09-1944
Embarquement Naples à 10h.
Campagne d’Italie terminée.